1... Jacqueline Thomas, Directeur de laboratoire au CNRS
Ethnologue en ses débuts, mais attirée par les langues africaines, Jacqueline Thomas, par souci de rigueur. passe un certíficat de linguistique et entre au CNRS comme stagiaire de recherche. C'est d'abord l'aventure : le départ en 2 CV pour l'Afrique en compagnie d'autres chercheurs dont deux l'abandonneront en route. Elle mettra six mois, faute d'être ravitaillée à temps, pour traverser le Sahara. Au bout du voyage. il y a la Republique Centraficaine ou elle restera deux ans. « Au début, j’étais en observation, les gens me regardaient vivre. Finalement, ils m'ont jugée inoffensive et le contact s'est étabi. Le premier travail de 1'eithnologue, c'est cela : établir la confiance.» Si Jacqueline Thomas s'intègre bien au milieu et ne souffre pas trop du climat, elle n'apprécie guère la nourriture : viande et gibier bouillis, legumes bouillis, le tout tristement monotone.
Son travail sur le terrain : récolter du vocabulaire en apprenant progressivement la langue, recueillir des contes, des traditions, analyser l'ensemble. Le tout fournira matière à deux thèses : « en deux ans, j'ai amassé de quoi travailler pendant 20 ans », reconnaît-elle.
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2... En 1976, Jacqueline Thomas, qui a formé plusieurs équipes de recherche. est nommée à la direction du laboratoire de Langues et Civilisations à tradition Orale. Celui-ci regroupait quelque 115 chercheurs, 13 techniciens et des collaborateurs vacataires qui travaillaient sur les langues africaines, océaniennes, asiatiques, aménndiennes et d’Europe Centrale.
L'etnnolinguisltque était la jeune discipline privilegiée du laboratoire; elle consiste à étudier l'homme dans son milieu par l'éclairage de diverses techniques d'approche qui se complètent : la langue y est l’instrument primordial qui donne accès à l'ensemble de la culture.
Sur place, les chercheurs coopèrent, quand ils le peuvent, à la mise se en place de nouvelles structures d'enseignement, participent avec les instituts pédagogiques nationaux aux programmes d'alphabétisation dans les langues locales, à la confection de dictinnnaires et de grammaires pour les maîtres.
La gestion du laboratoire limita les voyages de Jacqueline Thomas : « Je passe beaucoup de temps à faire des rapports, à organiser des réunions, à
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3... participer à des commissions et ma recherche en est considérablemeni entravée ». Grâce à des collaborateurs qui ont pris leurs responsabilités, elle parvint quand même à faire avancer ses propres travaux. Elle gérait un budget « honorable » par rapport à celui d'autres laboratoires de langues, mais ne parvint à résoudre que três partiellement le cauchemar des publications. « Nous avons dû créer notre propre maison d'édition, nos travaux comportant des difficultés spécifiques (signes phonétíques particuliers, schémas compliqués) qui rebutent les imprimeurs. Les ouvrages, destinés en grande partie à des spècialistes, sortent au rythme de 40 à 50 par an, à un tirage habituel de 500 exemplaires. Ce n'est pas rentable sans subvention extérieurc et les démarches auprès d'éventuels bailleurs de fonds me prennent un temps précieux ».
Elle avait mis en place un progamme interdisciplinaire (regroupant linguistes, ethnologues, musicologues, médecins, pharmaciens, naturalistes) dont les etudes portaient sur les populations forestières d'Afrique Centrale et particulièrement sur la langue et la civilisation des Pygmées. Elle parle de ces derniers avec enthousiasme : « ils ont une langue três raffinée, un vocabulaire
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4... étendu, une grammaire structurée. Ce sont des gens charmants et três sûrs en amitié,menacés aussi de devenir le sous-prolétariat des grands noirs. Travailler parmi eux me permet de refaíre mes forces, de regagner une certaine sérénité , une certaine vérité après le stress de la vie parisienne et de retrouver une juste mesure des choses ».
Aujoud’hui Jacqueline Thomas est à la retraite. Elle continue d’écrire et de publier. Voir la page suivante pour en savoir plus de ses dernières publications.